Mon ouverture......en vintage

Mon ouverture.
C’était avec beaucoup de fébrilité que j’attendais avec impatience l’ouverture du carnassier. La journée commencée très tôt avec un lever bien avant le petit jour. Il fallait être sur place de bonne heure pour prendre ce qui nous paraissait comme de bons postes.
Mais avant tout il y avait une tradition. Le marchand d’article de pêche avait, lui aussi ouvert de très bonne heure pour accueillir les premiers clients. Les vifs étaient frais et le vin chaud. Les premiers pêcheurs arrivaient, des habitués bien sûr, parfois des amis qui pour rien au monde ne manquaient cette ouverture. On prenait chacun nos vifs, on choisissait nos tailles, gros gardons pour le brochet, petits vifs pour le sandre. Le magasin ne sentait pas encore l’odeur des leurres siliconés mais le bon vin chaud et les bonnes amorce de chez Dudulle. Et puis le vin aidant, l’ambiance se faisait un peu plus chaude, et chacun y allait de son histoire de pêcheur menteur, rire, moquerie était de la partie.
Bon, il fallait penser y aller, on se souhaitait bonne chance. Et en route pour « la journée » de pêche.
À l'époque, nous étions tous comme on les appelle aujourd’hui des poissonards, mais de gentils poissonards parce que le poisson ne manquait pas.
Que de temps passé, les petits revendeurs ont pratiquement disparu, remplacés par les enseignes nationales qui ont remplacé le vin chaud par des cartes de fidélités avec code barre et numéro secret. Sont-ils ouverts aujourd’hui. Qu’importe aujourd’hui comme les jours précédents ce qui va surtout compter c’est le chiffre d’affaire.
Je me réjouis de l’arrivée de la technique moderne dans notre loisir et aussi et surtout d’un changement de mentalité, avec le no-kill disons avec le prélèvement raisonnable et raisonné.
Mais le vin chaud, la convivialité, le petit mot gentil du marchand qui pour remercier en partant vous offre un petit sachet d’asticots me manque. Quel vieux ringard ce mec…..