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Les habitants de nos rivières en danger

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Les habitants de nos rivières en danger Empty Les habitants de nos rivières en danger

Message par Invité Lun 30 Nov 2009, 14:29

Les habitants de nos rivières en danger


Comme la couleuvre, autre animal terrestre qui trouve son bonheur en nageant, le castor voit son existence menacée par la dégradation de l’environnement, la pollution, l’aménagement systématique des berges des cours d'eau français et européens.


Paru sur Match.fr le 23 Août 2009
Photos: Laurent Ballesta
Auteur: Ghislaine Ribeyre


Les habitants de nos rivières en danger 04-couleuvres-viperines-accouplement_galleryphoto_paysage_stdUn serpent à deux têtes ? Non :
des couleuvres vipérines en plein accouplement. A la saison des amours mais aussi tout au long de l’année, ce petit serpent (il dépasse rarement le mètre) est plus à l’aise dans l’eau que sur terre. Il y chasse le poisson et le batracien et, surtout, il est à l’abri de son pire ennemi : l’homme. A cause d’une vague ressemblance avec sa lointaine cousine la vipère, ce reptile pacifique et inoffensif périt souvent sous les coups de bâton. Ce n’est pas le seul danger qui pèse sur la couleuvre vipérine. Comme le castor, autre animal terrestre qui trouve son bonheur en nageant, elle voit son existence menacée par la dégradation de l’environnement, la pollution, l’aménagement systématique des berges. Habitué des plongées dans les grands fonds, le biologiste et photographe Laurent Ballesta s’est immergé dans nos rivières, à la rencontre de ces espèces fragiles que nous côtoyons sans vraiment les connaître.


Les habitants de nos rivières en danger 01-CastorOuvDiapo_galleryphoto_paysage_std

1.Corvée de ravitaillement:

Cette femelle castor rapporte une branche qui sera consommée ou utilisée pour
renforcer le terrier. En bas, les reliefs d’un précédent repas : des branches soigneusement débarrassées de leur écorce et de leurs feuilles.



Les habitants de nos rivières en danger 02-castor-qui-fait-le-canard-devant-Mathieu_galleryphoto_paysage_std

2.Ballet aquatique:

Le castor est costaud : il peut peser jusqu’à 25 kilos et dépasser largement le mètre. Mais, sous l’eau, il se déplace avec une légèreté et une grâce étonnantes.



Quand le castor attaque, c’est toutes dents dehors – ces incisives plus coupantes qu’un couteau à bois, plantées sur des mâchoires deux fois plus puissantes que celles de l’homme, peuvent briser la colonne vertébrale d’un congénère. Ce jour-là, Laurent Ballesta ignore ce qu’il a fait pour provoquer le courroux d’une femelle : a-t-elle perçu le plongeur comme une menace ­envers ses petits, ou voulait-elle protéger l’accès à son territoire ? Toujours est-il qu’elle a foncé sur lui dans une traînée de bulles. « Elle a empoigné mon appareil photo avec ses griffes et l’a tiré vers elle, comme pour voir qui se cachait derrière », raconte le biologiste. L’animal a fini par faire demi-tour après avoir transmis son message : sur les quelques kilomètres de ­rivière qui forment son domaine, l’intrus est toléré, pas plus.

Il a fallu trois ans à Laurent Ballesta pour se faire accepter par cette famille de castors installée dans la vallée du Gardon, à quelques kilomètres du pont du Gard, que lui avait signalée Gilles Larnac, président de Pile Poil, ­l’Association pour la protection, l’information et l’étude des mammifères sauvages du Gard. Habitués aux randonneurs, ces castors-là sont un peu moins méfiants que les autres. Mais si l’on fait mine de venir plus près, l’un d’eux donne l’alarme en frappant le sol de sa queue, et tous disparaissent illico dans la rivière.



« Une boule d’argent qui avance comme une torpille »
Pourtant, une fois sous l’eau, c’est la surprise : le castor se laisse plus facilement approcher, peut-être parce qu’il n’y voit pas très bien. Avec ses petites pattes avant munies de griffes, ses pieds palmés et sa queue plate couverte d’écailles, il est pataud sur le plancher des vaches, mais excellent ­nageur. En mode tranquille, il « pédale » avec ses pattes arrière, la tête hors de l’eau. En alerte, il ondule de tout
son corps avec la queue en guise de gouvernail et se transforme en « une boule d’argent qui avance comme une torpille », dit Laurent Ballesta. Peu habitué à être suivi sous l’eau, l’animal pourrait être alerté par les bulles des plongeurs. Alors, le biologiste fait appel à Aqua Lung, une société qui fabrique – exclusivement pour la
Marine nationale – des scaphandres spéciaux offrant une autonomie de six heures sous l’eau, sans bulles révélatrices, pour une charge de 5 kilos seulement. Il a pu s’en faire prêter un.


Au fil des ans, les castors de la vallée du Gardon se sont habitués à lui, au point de le considérer comme partie intégrante du paysage. Dans leur hâte de transporter une branche, il leur est même arrivé de lui marcher dessus... De toute façon, en cas d’alarme, ils ont accès au meilleur des refuges : leur terrier. Creusé dans les berges, il est accessible par une entrée située entre 50 centimètres et 1 mètre sous la surface de l’eau. Les galeries mènent vers des chambres au sec, ventilées grâce à des trous d’aération – un des rares indices qui trahissent la présence des ­castors, avec les marques de dents sur les arbres et la présence de branches mises à nu.

L’animal a le sens de la famille et vit en couple, avec généralement deux générations de rejetons (les portées sont petites, un ou deux individus). Les parents sont très attentifs pendant les premiers mois, mais virent sans état d’âme le jeune qui atteint 2 ans – parfois 3 –, car il y a des Tanguy chez les castors aussi. Ils sortent un peu avant le coucher du soleil pour aller chercher de la nourriture (plantes, jeunes pousses et arbustes tendres), jouer dans l’eau et se consacrer au rituel de la toilette. Assis sur ses pattes arrière, sur la berge, chacun utilise ses pattes avant pour peigner, nettoyer et ­déparasiter son propre pelage, puis celui du voisin.




L’eau est le refuge qui les abrite des prédateurs.. et des hommes

Cet emploi du temps très « dolce vita » a failli faire du tort à la réputation du Castor fiber. Certains zoologues ont voulu le faire passer pour un flemmard, au motif que, contrairement à son cousin canadien, il ne construit pas de barrages ni de huttes. « C’est un faux procès, s’insurge Gilles Larnac. Le castor s’adapte à son environnement. Dans les grandes plaines d’Amérique du Nord, il crée des barrages pour avoir suffisamment de profondeur d’eau. Comme les berges ne sont pas assez hautes, il ne peut pas creuser de terrier et construit donc des huttes. Nos rivières ont des seuils naturels et des berges hautes. Mais si l’on transplantait un castor européen au Canada, il se mettrait à faire des barrages, lui aussi. »



Les habitants de nos rivières en danger 03-couleuvre-gros-ventre-mi-air-mi-eau_galleryphoto_paysage_std

3.Digestion:

Sous la peau renflée de cette couleuvre vipérine, on devine encore la proie avalée tout rond quelques heures plus tôt.


Les habitants de nos rivières en danger 04-couleuvres-viperines-accouplement_galleryphoto_paysage_std

4. Des amours qui n’en finissent pas:

La couleuvre vipérine est le seul serpent à s’accoupler dans l’eau. Ces deux spécimens peuvent rester ainsi enlacés (ici, à la source de la Buèges, dans l’Hérault) pendant une ou deux heures.



Un autre animal des rivières, la couleuvre vipérine, souffre elle aussi de la comparaison avec une espèce voisine – sauf que, dans son cas, la ressemblance peut être mortelle. Avec sa tête un peu triangulaire, elle est souvent prise pour une vipère et meurt sous les coups de bâton des promeneurs. « Cela montre à quel point nous sommes coupés de la nature, se désole ­Laurent Ballesta. On ne peut pas les
confondre. Il n’y a pas plus ­pacifique et inoffensif que la couleuvre vipérine. Contrairement à la vipère, plus agressive, elle préfère faire la morte et dégager, grâce à des glandes situées près de son cloaque, un liquide nauséabond. Le prédateur la prend pour un cadavre et s’en désintéresse aussitôt. »

Malheureusement, cette tactique ne fonctionne pas sur le promeneur paniqué...

Pour la couleuvre vipérine, l’existence est donc plus sûre en version aquatique. Fille du Sud, elle se trouve notamment en Italie, en Espagne et en France, mais pas au nord de la Loire. Laurent Ballesta l’a observée aux sources de la Buèges, à une cinquantaine de kilomètres de Montpellier. Ce bassin d’eau cristalline, à 14 °C été comme hiver, ne pose qu’un seul problème à la couleuvre, animal à sang froid : elle
est obligée d’en sortir souvent pour se chauffer au soleil et porter la température de son corps à 37 °C. Le reste du temps, elle chasse le poisson et le ­batracien : cachée dans les roseaux, elle se déploie comme un ressort quand l’un passe à sa portée. Elle nage en zigzag, remontant à la surface pour renifler les alentours avec sa langue pointue. Elle est le seul serpent à s’accoupler dans l’eau, mais la femelle pond au sec : en moyenne sept œufs de 3 centimètres de long et 0,5 centimètre de large, qu’elle cache sur les berges, dans des végétaux en décomposition pour qu’ils y restent au chaud. Quarante-cinq jours plus tard, des petits qui font déjà 10 à 15 centimètres de long filent tout de suite dans la rivière.

Pour la couleuvre vipérine comme pour le castor, l’eau est un espace vital, un refuge qui les abrite des prédateurs... et des hommes. Mais la présence ­humaine les rattrape : la pollution et le ­réchauffement climatique ­déciment poissons, grenouilles et crapauds, proies de choix du petit serpent. Certains spécialistes ­annoncent même la disparition des batraciens d’ici à 2050. L’activité humaine et l’aménagement des
cours d’eau font fuir le castor. Dans la vallée du Gardon, Gilles Larnac a remarqué que les dernières portées de sa ­famille préférée ne comportent plus qu’un seul petit, « peut-être parce que leur territoire rétrécit », se dit-il. Depuis quelque temps, le mâle ne se montre plus, et les ­autres sont plus craintifs. Comme s’ils avaient peur pour l’avenir de leur petit paradis.



La première espèce protégée en France:

Le castor est un rescapé. Chassé pour sa fourrure et sa chair, il était également traqué pour le castoréum. Cette substance odorante, qui lui sert à marquer son territoire, était utilisée en parfumerie ; on en extrayait aussi de l’acide salicylique, un des composants de l’aspirine. Au début du XXe siècle, il ne restait qu’une centaine d’individus en France. Le naturaliste Galien Mingaud, conservateur du musée d’histoire naturelle de Nîmes, décide alors de faire campagne pour sauver le castor. En 1909, il présente le problème lors d’un colloque auquel a été convié le ministre de l’Agriculture. Convaincu, celui-ci persuade le préfet du Gard d’agir. Résultat : quelques mois plus tard, l’arrêté d’ouverture de la chasse dans le département stipule que « la chasse, la destruction et la capture du castor sont interdites toute l’année ». L’animal devient ainsi la première espèce protégée de l’histoire de France. Cent ans après, on dénombre entre 5 000 et 10 000 castors, dans le Gard bien sûr, mais également en Bretagne, dans la Loire, dans l’est de la France. « C’est la preuve que l’action publique est efficace, explique Gilles Larnac. Mais il faut attendre plusieurs dizaines d’années pour en voir le résultat. »








Les habitants de nos rivières en danger 05-GetAttachment_galleryphoto_paysage_std

5. Tenue de camouflage:

Laurent Ballesta sort brièvement la tête de l’eau pendant une plongée dans la Thielle, une rivière suisse où l’on trouve des castors et des couleuvres vipérines.




Luc, tu vois ce qu'il te reste à commander au père Noël pour enrichir ton album de photos sous marine et aquatique. Les habitants de nos rivières en danger 276198
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Message par Alex Lun 30 Nov 2009, 15:45

affraid Ses photo de serpent me fond froid dans le dos affraid
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Message par jean luc Lun 30 Nov 2009, 19:02

super travail J'ADOOOOOORE Les habitants de nos rivières en danger 677299 Les habitants de nos rivières en danger 677299 Les habitants de nos rivières en danger 677299 Les habitants de nos rivières en danger 677299
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Message par Benny Mar 01 Déc 2009, 11:09

Idem Les habitants de nos rivières en danger 677299
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Message par carpo37 Sam 30 Oct 2010, 18:14

superbe article qui montre qu'il n'y a pas que le saumon dans la vie halieutique!! Les habitants de nos rivières en danger 686534
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